La marche tranquille d'un peuple décidé...
Que dire ? Comment partager ? Comment classer ces images, ces sensations, ce bonheur ?
Le RER C étant en panne, j'ai pris la route. Et ça commence sur l'autoroute A6, avec ces cars venant de je ne sais où, mais posters sur les vitres, la tête de Mélenchon, l'appel de Marianne pour une VIème République. Et puis le métro pris Place d'Italie, bondé en ce dimanche après-midi. Des ballons rouges dans le compartiment, des drapeaux roulés, de la bonhommie partout. Des cheveux gris, des jeunes, des enfants, des familles entières, des isolés, le métissage des cultures, des racines, des histoires.
Arrivé à Nation, juste après 14h, une foule se constituant, se retrouvant, s'appelant au portable pour se rejoindre.
L'attente sereine, la prise des lieux tranquille, les regards, les sourires. Les symboles pris d'assaut...
Les premiers cris, la gouaille populaire, la dérision comme formes d'expression.
Le temps maussade, pluvieux par intermitence dont nous nous moquons. La chaleur au coeur, ce sentiment de retrouvailles, de partage d'un moment important qui lentement montent en nous.
La Nation se remplit, déjà la tête du cortège est partie, mais il en arrive de partout. Le ciel bas et lourd n'arrive pas à effacer les couleurs de la foule bigarrée, disparate, joyeuse et décidée.
Les Fralib sont là, continuant la lutte de Géménos sur le pavé parisien. Ils refusent que leur usine, rentable, soit fermée par Unilever. Un combat qui dure depuis des mois. Ils devaient être en tête, juste derrière la première banderolle, mais la foule en a décidé autrement, s'intercalant, défilant à sa guise.
Le long du faubourg Saint-Antoine, nombre de fenêtres sont ouvertes, complices.
Certains sont venus avec leurs propres pancartes, exprimant leurs préoccupations, leurs volontés d'un réel changement, de refus d'être une nouvelle fois déçus.
Des fanfares ponctuaient le parcours.
La créativité affichée.
No pasaran, l'anar Anonymous...
Les bambous brandis comme autant de slogans loufoques mais sérieux, à l'heure où la règle verte doit être préférée à la règle d'or mortifère des financiers.
L'arrivée sur la place de la Bastille encombrée déjà, où les gens attendent le discours qui ponctuera cette journée exceptionnelle.
Ce drapeau grec, symbole de tout ce que nous refusons.
Ce peuple immense, conscient et décidé, écoutant Jean-Luc Mélenchon, non comme un guide ou un leader maximo, mais comme un homme portant la lourde responsabilité de représenter un espoir vivant, concret, une volonté partagée de dire stop ! Une autre politique est possible. Une autre politique est nécessaire pour sortir de l'austérité, de la précarité, de la pauvreté. Pour construire une société enfin humaine et respectueuse de chacun.
Et j'ai repris le métro, toujours aussi bondé, toujours aussi vivant, coloré des badges collés sur les poitrines, les dos, les chapeaux sous l'oeil interrogateur d'une famille de touristes.
Dernier clin d'oeil de cette journée, sur le début de l'autoroute A6, doublé par un motard zigzaguant entre les files, un drapeau rouge accroché à son sac à dos.
Des pensées multiples me sont venues lors de cette journée. Pour mes soeurs de province, pour la Dame de Bordeaux, métissée et si humaine, pour ma copine du sud qui se lève à 4h pour faire le ménage dans les bureaux avant leur ouverture, pour mon pote Gilles qui pense que le vote utile sera celui pour Hollande alors que je pense que ce qui va être utile, déterminant cette fois-ci, c'est l'expression d'une farouche volonté de dire merde à un système qui nous broie. A ma copine de Lyon qui n'aime pas les feux rouges sur mes photos et dont le regard si humain se perd parfois en d'improbables raccourcis politiques. A mes potes bretons avec qui je partage ces valeurs depuis tant d'années. Quel bonheur ! Si proche, si possible, si enthousiasmant.
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D'autres regards, complémentaires, où je découvre d'autres aspects, d'autres humains, pour le partage :
Ici , Ici, Ici en vidéo, Ici, Ici, Ici,